La 10e chambre, instant d’audiences est un film réalisé par Raymond Depardon en 2004 et qui dure 1h45.
LENA : Dans ce documentaire, 12 procès ont lieu dans la 10ème chambre du tribunal correctionnel de Paris. Les audiences sont variées et irrégulières, par exemple, elles peuvent avoir lieu de nuit comme de jour et pour des procès plus ou moins graves. La juge, Michèle Bernard Requin, ne change jamais. C’est elle qui s’occupe de tous les procès, elle est comme le personnage principal du documentaire, sa personnalité est mise en avant. Par contre les avocats sont différents et ne sont pas toujours compétents. Le réalisateur n’intervient pas dans le film et est placé de façon à pouvoir avoir plusieurs plans différents des accusés, de la juge, des avocats et des procureurs.
ALEXANDRE : Le réalisateur a décidé de faire de ce documentaire un film de « cinéma direct », c’est à dire un cinéma qui transmet la vérité et la réalité du déroulement du procès. Par exemple, il n’y a que trois différentes caméras et elles sont toutes immobiles et filment en permanence, une dirigée vers la juge, une autre vers l’accusé et une dernière vers la personne à la barre.
La caméra est en contre plongée pour ne pas gêner le procès qui se déroule, cette contre plongée apporte un effet d’imposant à la personne jugée comparé au plan de la juge qui est à niveau égal avec elle. Enfin, ce qui rend ce documentaire original, c’est sa simplicité, qui se transmet dans ses plans, ses interactions et son montage, malgré une complexité derrière l’organisation du tournage.
MARGUERITE : Dans La 10-ème chambre le réalisateur Raymond Depardon prend une posture d’observateur neutre. Ce film permet aux accusés de s’exprimer librement et sans jugement de la part du réalisateur, se faisant très discret durant les plaidoiries. Il nous permet de comprendre les motivations, les causes de leur non-respect de la loi tout en évitant de les juger. Le réalisateur laisse la parole a chaque personne dans la salle, les avocats, la juge, les inculpés et les victimes.
SARAH-JADE : Excepté les plans serrés sur les accusés sur lesquels nous reviendrons, on peut considérer que ce documentaire est filmé de manière très neutre. Il n’y a aucune intervention du réalisateur, ou de tout autre membre de l’équipe ni de voix off. La caméra filme ce qu’il se passe, presque comme si elle n’était pas là. Il est donc dur de juger du rapport de Depardon à son sujet puisqu’il est presque absent du film. Il est cependant probable qu’il ne connaisse pas la majorité des personnes apparaissant à l’écran car, comme évoqué précédemment, elles sont nombreuses et très différentes, d’autant plus qu’il a filmé beaucoup plus d’audiences que celles sélectionnées au montage (environ 165 personnes ont été filmés, seulement 25 sont dans le film). Cependant, il est probable qu’après tout le temps qu’il a passé sur son lieu de travail, la juge et lui se connaissent, ou du moins aient un avis l’un sur l’autre.
Le documentaire est filmé avec deux caméras et 13 micros disposés dans la salle puisque l’équipe n’avait pas le droit de percher. Une des deux caméras, en partie afin de respecter les contraintes de placement dans la salle, offre un gros plan sur les accusés à la barre en étant à leur hauteur voir en contre-plongée. C’est une particularité intéressante et qui fait que ce documentaire diffère par rapport aux films présentant des procès puisque la plupart suivent le point de vue de la juge, donc de l’institution judiciaire, en surplombant la salle et l’accusé. Ainsi, nous sommes d’avantage avec eux et leur avocat comme le réalisateur Depardon l’explique lorsqu’il raconte le tournage de son film. L’autre filmait la juge principalement et parfois le procureur, l’image proposée provient d’un de ces plans.

